Mieux comprendre le travail de rue

Par Charlotte Vuillemin 11:30 AM - 8 mai 2024
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Les travailleurs de rue peuvent aider les personnes itinérantes à se reloger. Photo Pixabay

Du 6 au 12 mai se tient la semaine dédiée aux travailleurs de rue du Québec. En première ligne sur le terrain, ils représentent une force souvent méconnue, mais essentielle, particulièrement pour les jeunes en difficulté. Isabelle Huard, travailleuse de rue depuis 17 ans, dévoile les aspects cruciaux de cette profession parfois inconnue et incomprise.

Au sein du Carrefour jeunesse-emploi de Manicouagan, Isabelle Huard incarne le premier contact pour les jeunes cherchant de l’aide en dehors des écoles.

« Un travailleur de rue, ça exerce dans un secteur précis comme nous à Baie-Comeau. On a un département avec un travailleur de rue qui est pour jeunes pour les 12 à 18 ans et on a un travailleur de rue adulte. On joue un rôle actif d’interventions sociales, la relation d’aide auprès des personnes ou des groupes en difficulté. On crée un lien significatif auprès des jeunes dans leur milieu de vie, et on se tient surtout dans les lieux qui ne sont pas ou peu fréquentés par les intervenants ordinairement », explique-t-elle.

Une idée commune associe souvent le travail de rue à l’itinérance, mais Mme Huard clarifie. « Dans la rue ne veut pas nécessairement dire sans logis. Normalement, on n’a personne dans la rue en bas de 18 ans qui est sans logis. Si ça arrive, ce sont des situations bien particulières. »

Leurs interventions se concentrent principalement sur les lieux moins fréquentés par les services conventionnels, où les jeunes se sentent plus à l’aise pour demander de l’aide.

Les raisons principales que la travailleuse rencontre auprès des jeunes sont « la détresse émotionnelle, la violence familiale, la toxicomanie, la délinquance, c’est ce qu’on touche le plus chez les jeunes. À 12 ans, c’est isolé, mais il y en a quand même un peu ».

La disponibilité des travailleurs de rue est donc primordiale, surtout lors des heures où les ressources traditionnelles sont limitées, comme le soir, la nuit et les fins de semaine. Isabelle Huard précise également que leur travail implique non seulement d’attendre que les personnes viennent à eux, mais aussi d’aller vers ceux qui évitent les institutions classiques.

Leur rôle ne se limite pas à l’écoute et au soutien immédiat. « Il y a les personnes qui vont venir vers nous vu qu’on est dans le milieu, mais on peut aussi avoir des références, soit de la rue ou des organismes communautaires qui ont des personnes qui demandent un accompagnement. Le but est identifié avec eux, leur redonner confiance, les référer dans les bons organismes », déclare-t-elle.

L’évolution du travail de rue

L’expérience de Mme Huard couvre une période où le paysage social a évolué, notamment avec la pandémie qui a touché le monde ces dernières années. 

« Depuis les quatre dernières années, je dirais que ça a changé la donne. Il y a beaucoup moins d’affaires ouvertes de nuit, donc les personnes se tiennent plus sur des terrains privés ou des places cachées » précise-t-elle.

« Pour moi, l’itinérance a beaucoup changé et c’était important dans les premières années d’avoir des ressources. Aujourd’hui, on en a deux avec le Carrefour jeunesse-emploi et la Résidence St-Joseph. On les aide à se reloger, s’insérer socialement, à repartir à zéro et on les accompagne aussi après », explique-t-elle.

Le travailleur de rue est là pour informer, prévenir et sensibiliser. « C’est un trio gagnant à la base du travail de rue. On les accompagne et on fait des suivis au niveau personnel, on fait beaucoup d’écoute et d’information », conclut Isabelle Huard.

Les statistiques du sondage Portrait 2024 — ROCQTR viennent corroborer l’importance de leur travail. Avec en moyenne 588 contacts annuels, ces travailleurs de rue créent chaque année près de 195 liens, principalement avec les jeunes de 12 à 17 ans.

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